L'équipe de rédaction de ce journal n'a pu faire lumière sur tous les enjeux d'un transport réellement accessible pour toustes. Un de ces enjeux est la place donnée (ou pas) aux personnes handicapées ou vivant des problématiques qui affectent leur santé mentale.

Si l'on se limite au transport, il y a beaucoup de problèmes en terme d'accessibilité, que ce soient dans les réseaux d’autobus et du métro, leurs équipements ou la communication des informations sur ces services. En témoignent certains cas anecdotiques que vous avez peut-être vu: aucun ascenseur ou rampe de service pour descendre dans le métro, des chauffeur·euse·s incapables de faire sortir une rampe d'accès pour qu'une personne en fauteuil roulant puisse entrer, des trains carrément inaccessibles aux personnes ayant des problèmes de mobilité. Sans énumérer tous les obstacles vécus par plusieurs, le concept proposé par des organismes pour rectifier ces lacunes est l'accessibilité universelle. Cette stratégie exige que les réseaux d’autobus et de métro, leurs équipements et leurs informations soient conçus dans un but d’équité et dans une approche inclusive qui permet à toute personne de les utiliser de façon autonome et d’obtenir des résultats équivalents.

En dehors des réseaux d'autobus et de métro, l'alternative offerte aux personnes handicapées ou vivant des problématiques qui affectent leur santé mentale est le transport adapté: « Le transport adapté est un service de déplacement porte à porte offert aux personnes handicapées. Pour y être admissible, il faut être en mesure de faire la preuve de limitations sur le plan de la mobilité, par exemple l’incapacité de marcher 400 mètres ou de s’orienter dans le temps et l’espace. Encadré par le gouvernement, le service est assuré par les organismes publics de transport en commun et les municipalités. » 1

Le transport adapté souffre malheureusement de plusieurs lacunes. En voici quelques exemples : le nombre de chauffeur·euse·s en transport adapté a grandement chuté dans les dernières années1. Cette compression du personnel – qui fait exploser les temps d'attente, baisser la qualité des services et même causer des ruptures de services –, est en grande partie dûe à la Loi concernant le transport rémunéré de personnes par automobile. Depuis 2019, cette loi sur les services d'auto-partage comme Uber et Lyft a déréglementé l'industrie du taxi. En matière d'accès aux services, si une personne handicapée réussit à prouver ses limitations, elle peut désormais être obligée de voyager seule, si ses accompagnateur·trice·s n'ont pas fourni aussi ladite preuve. La nouvelle législation impose également que la décision sur le type d’accompagnement se prenne au cas par cas.2 Aussi, actuellement, un·e usager·ère atteint·e d’un handicap cognitif n’a pas systématiquement le droit d’être accompagné·e en transport adapté.1 

Si une ville doit impérativement trouver les montants nécessaires pour fournir un transport en commun gratuit et étendu, il est encore plus important que ces services soient accessibles à toustes. Les personnes handicapées ou vivant des problématiques qui affectent leur santé mentale sont partie intégrante du monde dans lequel on vit. Dans une perspective de libération collective, on liste ici les dix principes de la justice pour les personnes handicapées3, formulés par l'organisme Sins Invalid, qu'il importe de respecter dans la planification des transports en commun :

Intersectionnalité  Leadership des personnes les plus touchées –​​​​​​​ Politique anticapitaliste –​​​​​​​ Engagement à l’organisation inter-mouvements –​​​​​​​ Intégrité Durabilité –​​​​​​​ Engagement envers la solidarité inter-handicap – ​​​​​​​ Interdépendance –​​​​​​​ Accès collectif –​​​​​​​ Libération collective

 

Notes

1. https://www.lapresse.ca/actualites/2024-03-18/transport-adapte/les-usagers-sont-au-bout-du-rouleau.php

2. https://www.lapresse.ca/actualites/2024-01-20/transport-adapte-mal-adapte.php

3.https://www.globaldisabilityjustice.org/10-principes-de-la-justice-pour-les-personnes-handicapees/