L’écoanxiété apparait puisqu’on est bombardé·e·s de statistiques portant sur le réchauffement climatique, de rapports scientifiques affirmant l’irrévocabilité des dommages environnementaux et d’images médiatiques qui laissent croire que les changements climatiques sont l’installation lente de la fin du monde et d’une multitude de catastrophes qui sont le résultat des décisions de chacun·e·s d’entre nous qui n’auraient pas choisi le bon produit au marché. L’écoanxiété apparaît donc comme un sentiment de détresse, de paralysie et d’impuissance face à la réalité de la crise climatique. Le sentiment renvoie à la perte d’un monde et à une vision politique empreint de fatalisme, comme si l’espoir n’était pas possible, comme si les dés étaient déjà joués. Si l’écoanxiété semble être la seule réponse à la dégradation du monde, elle reste aussi en partie complice de cet effritement. L’écoanxiété se caractérise par une pente glissante qui débute au sentiment de paralysie, de perte de contrôle, finissant par un véritable immobilisme politique dont le néolibéralisme et les systèmes d’oppression se nourrissent.
Les gens qui détruisent la planète ont des noms et des adresses
Ainsi, l’écoanxiété est un sentiment qui paralyse. Le problème semble trop gros et la fin du monde est à nos portes: à quoi bon lutter? Peuton vraiment faire une différence? Produite par l’idée d’une fin du monde inévitable, l’écoanxiété renvoie à un état qui réduit à l’impuissance. L’écoanxiété s’ancre dans le fait que nous avons intériorisé la vision capitaliste selon laquelle nous sommes toutes et tous individuellement responsable de notre empreinte écologique, alors que nos choix sont toujours fortemment contraints. Nous subissons l’écocide et nous nous devons donc de commencer à le renverser et de faire la même chose avec tous les systèmes qui en sont la cause: le capitalisme, le colonialisme, la suprémacie blanche, le patriarcat, etc. Il faut dépasser le sentiment d’angoisse qui nous poussent à l’inaction et nous paralyse. Si l’écoanxiété est une réaction à la décomposition grandissante de notre monde, l’éco-colère nous invite à passer à l’action et s’organiser.
Il faut passer de l’écoanxiété à l’éco-colère : passer de l’individualisation de la lutte aux changements climatiques à l’organisation collective, qui nous permet de véritablement être une force politique écologiste, anticapitaliste et anti-oppressive. Nos pailles en cartons et nos tasses réutilisables ne seront pas suffisantes pour changer les choses. Les actions requises sont systémiques et ne résident pas dans les solutions individuelles offertes par les mêmes industries nocives qui ont causé la crise. L’éco-colère, c’est le rejet des solutions individuelles au profit d’une réflexion plus profonde qui permet de comprendre que la source des changements climatiques n’est pas notre empreinte individuelle, mais bien la manière actuelle d’organiser la société et la production.
Le mécontentement de vivre dans un paysage progressivement apocalyptique devrait nous pousser vers une mobilisation collective entêtée pour y détruire le véritable responsable de l’écocide : le capitalisme. Nous ne demandons pas une passivité verte, nous affirmons une rage climatique collective. Soyons en criss climatique, nous avons toutes les raisons du monde de haïr le système capitaliste et de souhaiter sa fin, pour nous permettre de mettre en place une société réellement écologiste, anticapitaliste et antioppressive. Le présent journal propose donc des réflexions qui vont dans ce sens. Si tu as cette même volonté et cette même colère, travaillons ensemble à la mise en place de nouveaux mondes.